Quatre Sans Quatre

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Anniversaire :
ET DE QUATRE !

Anniversaire : ET DE QUATRE ! sur Quatre Sans Quatre

Quatre Sans Quatre en a quatre !

Psycho-Pat et Dance Flore sont ravis de vous inviter à faire la fête ! Joie et cotillons ! Mais non, pas Noël, enfin !

L’anniversaire de Quatre Sans Quatre !

Happy birthday to nous, en quelque sorte… Oui, quatre ans le 10 décembre ! Sagittaire avant de s’en servir, c’est ça ! Quatre ans depuis le premier article paru, musical d’ailleurs, Modern Day Babylon, le djent élégant...

Quatre ans, c’est beaucoup de boulot abattu, on a l’air comme ça mais on est sérieux !

Plus de 750 articles dont : 18 épisodes de Polar Chaos, 53 émissions radio Des Polars et des Notes, 22 articles pour Romans en Jeune et Noir, le tout ayant généré près d’un million de visites sur le site.

Alors, le cadeau, c’est vous, comme dirait Barbara, à peu de choses près, et nous, on vous offre le gâteau, un entretien à déguster…


Flore : Patrick, Psycho-Pat, lequel est celui qui a inventé 404 ? Et je sais, tu vas me dire que c’est un travail collectif… Raconte un peu la genèse de tout ça et la pomme, le serpent, Eve…

Psycho-Pat : Ni l’un ni l’autre. l’idée de départ vient de Matteo, mon fils, qui m’a proposé de créer un webzine où nous pourrions parler de “sous-culture”, en traiter tous les aspects selon nos envies, du jeu vidéo à la littérature, en passant par les séries TV, le cinéma ou les nouvelles technologies. Il a donc construit le site mais nous ne trouvions pas de nom et a eu cette idée de 404 en rapport avec la fameuse erreur #404 Not found qui s’inscrit à l’écran lorsque le navigateur ne trouve pas le site demandé dans la barre d’adresse. Évidemment les noms de domaine 404 en lettres ou en chiffres étaient déjà réservés, Quatre Sans Quatre est né par altération du premier jeu de mot.

F. : Petit à petit, les livres ont envahi 404 et même une certaine catégorie de livres. Pourquoi plus de musique ? Pourtant tu t’y connais bien et je me suis laissé dire que tu avais une expérience intéressante dans ce domaine.

P. : Matteo a eu beaucoup de travail et n’a pu continuer à écrire dans le webzine, je me suis donc retrouvé pratiquement seul sur le projet, sauf qu’il continuait, et continue encore, à assurer toute la maintenance technique du site. C’est surtout lui qui est musicien et grand spécialiste dans ce domaine. Je lis depuis longtemps, beaucoup, principalement de la littérature noire, et donc peu à peu les livres ont pris la première place. J’avais peut-être un peu de lassitude par rapport à la musique et à son environnement, j’ai changé d’air...

F. : “Il faut que tu respires…” :-) Il y a une chose qui m’étonne, c’est ta prédilection pour la littérature noire. Qu’est-ce que tu fais comme différence avec la littérature blanche ? Ne sont-elles pas à même toutes les deux de dire le monde ?

P. : Justement, j’y pensais et, au fond, je n’en fais pas. Il se trouve que je préfère les romans en prise avec le monde tel qu’il est que les longues tirades nombrilistes souvent présentées comme le must de la littérature blanche. Il y a un petit côté méprisant chez les cultureux parfois à propos du polar alors que ce genre décrit souvent notre environnement bien plus précisément par le prisme de ses travers. Le Voyage au bout de la nuit, Mort à crédit, La ferme des animaux ou Au-dessous du volcan entrent pour moi directement dans la littérature noire, je ne fais pas de séparations absurdes entre les styles, c’est totalement artificiel. Il me faut avant tout une histoire, des personnages et de l’humain, je trouve tout cela plus aisément dans la littérature dite noire, voilà tout.

F. : Mais tu en fais une … ! J’aimerais beaucoup que tu me dises ce que tu définis comme la littérature noire, quand même…. un de ces 4… ! Pour moi, la différence n’est pas flagrante, de nos jours. Cultureux et nombriliste !!!!!
Ca fait quatre ans que tu tiens ce webzine, je voudrais savoir si tu vois une évolution dans la littérature, justement. Je crois que tu lis énormément, et en 4 ans, tu as sans doute pu te faire une petite idée des changements dans ce domaine. Tu as peut-être constaté aussi des changements dans l’édition, la promotion des romans… Tu es un observateur à l’oeil aiguisé et affûté. Enfin les deux, hein. Les yeux, je veux dire.

P. : Oui, un oeil aiguisé et l’autre affuté et les lunettes par-dessus pour voir un peu clair… Quatre Sans Quatre devait traiter de sous-culture et la littérature noire est une sous-culture, pas au sens “inférieure”, plus dans l’idée de “cachée”, moins “mainstream” que les Goncourt et autres prix annoncés chaque année. Les Misérables ou L’Assommoir sont des romans noirs pour moi. La révolution est venue des USA et s’est poursuivi en France avec des auteurs comme Léo Malet, Manchette, Daeninckx, le roman de gare policier est devenu le polar avec tout un versant socio-politique, c’est ce qui me séduit dans le genre. La littérature noire est celle qui a les mains sales et les pieds dans la merde du monde, celle qui va chercher la noirceur mais aussi la lumière là où il n’est pas prévu qu’elle existe.

“Tout a changé depuis hier et la rue a des yeux qui regardent aux fenêtres”, le polar et le thriller sont devenus vendeurs, ils génèrent de très gros chiffres d’affaire. Hier relégués au fond des librairies, ils en occupent aujourd’hui la vitrine, ce n’est ni bien ni mal, c’est un fait. Malheureusement, il arrive que soit publié tout et n’importe quoi, du moment qu’on puisse mettre le label Polar sur la couverture. Il y a eu la mode des scandinaves, puis des thrillers psychologiques, jusqu’à la nausée, des tueurs de génie dans la suite de Seven ou du Silence des agneaux jusqu’à plus soif, je pense qu’aujourd’hui, il y a un retour à des textes plus travaillés, le public affine ses goûts et la qualité redevient primordiale. Ce qui n’empêche pas que les grosses machines à best-sellers tournent, c’est la plus grosse part des ventes, ce qui est mis en avant par les médias traditionnels.

Avec Quatre Sans Quatre, j’ai découvert une foule de petites boîtes qui se battaient pour publier des textes de qualité, pas toujours faciles à lire mais d’un intérêt certain. Ce sont ces livres-là qui m’intéressent, ceux qui se cachent sous les rayons des librairies. Le reste, c’est plus du commerce que de la littérature.

F. : Ben t’es pas un fondu de d’Ormesson, alors ? Pas totalement assez noir pour toi ? Les mains et les pieds trop propres ? Blague, je sais que son intégrale chez la Pléiade t’attend au pied du sapin :-)
Pour de vrai, maintenant, dis-moi ce que tu penses que nous ( hé hé car j’en suis désormais !) apportons aux visiteurs de 404.

P. : Un avis, pas plus. Quand j’aime un livre, j’ai envie que d’autres le découvrent, si j’y parviens avec mes chroniques, c’est bien, s’ils sont contents en plus, c’est jackpot. Nous apportons une information qui se résume à “j’ai aimé ce bouquin”, c’est très subjectif et n’a aucune valeur de vérité. Si je n’aime pas, je n’en parle pas, je n’ai pas le temps, je préfère consacrer celui que j’ai aux bouquins qui peuvent séduire et à défendre des éditeurs qui galèrent pour exister et publier des auteurs parfois sulfureux.

Mais il n’y a pas que de la littérature noire dans Quatre Sans Quatre, depuis ton arrivée il y a plus de deux ans maintenant, il y a du roman bien blanc, du cinéma, des interviews, et même des chroniques de collégiens. Raconte un peu ton expérience Quatre Sans Quatre, Dance ?

F. : Oui, bien sûr. Moi j’aime parler littérature et cinéma, c’est un peu mon métier et ma formation, ma déformation, tu pourrais dire. Je dois bien avouer que je me fais plaisir et je peux lire du blanc comme du noir, la couleur importe peu !
Faire participer mes élèves, c’était enthousiasmant pour eux comme pour moi. Et si je peux donner des idées de lecture à quelqu’un, si j’inspire assez de confiance pour aider quelqu’un à choisir un livre, alors ça me fait encore plus plaisir. La confiance, c’est important non ?

P. : Je ne sais pas, la lecture, comme la découverte de tout travail artistique, est vraiment très subjective et personnelle, je livre mon avis, je ne donne pas de conseil, ou alors peu, nous sommes un média, un vecteur d’infos spécialisé mais pas plus. La confiance, c’est à chacun de la placer là où il veut. Il faut juste être honnête dans sa démarche et mettre du contenu qui va éclairer le choix de ceux qui recherchent de la lecture. Je ne suis pas le gardien de la bonne littérature noire, je peux m’éclater avec un bouquin qui va me divertir et passer à côté de ce que d’autres considèreront comme un chef d’oeuvre...

F. : Tu animes aussi Des Polars et des Notes, c’est une relation différente à la lecture, non ?

P. : Totalement différente. Grâce à cette émission sur Radio Évasion, je peux échanger avec les auteurs, je suis en relation directe avec ceux qui me faisaient rêver. Cette émission a été la découverte d’un milieu aux antipodes de celui de la musique qui est particulièrement fermé, avec des écrivains avenants, pour la plupart, sympathiques, très peu de filtres entre eux et moi. C’est un privilège d’avoir la possibilité de leur demander en direct de me parler de leur roman, de leurs conditions d’écriture, leurs manies, discuter avec des éditeurs qui défendent avec acharnement leur travail. Cette émission a été une belle expérience pour moi.

F. : Maintenant tu es “en même temps” ;-) publié et critique. Ça change quelque chose pour toi ?

P. : Non, vraiment pas. “Non, je n’ai pas changééééé”…. Je lis avec les mêmes yeux et à peu près les mêmes neurones, je ne pense pas qu’il y ait le moindre rapport entre les deux.

F. : Bien sûr que si, tu connais les affres des auteurs, maintenant, Julio !

P. : Si, maaaa, ze me doutais un peu avant que ce n’était pas ouné promenade de santé. Mais c’est un trait commun à tout travail de création, j’ai connu cela dans la musique aussi, ce n’est pas réellement une découverte totale. Je ne connais pas ce qu’on peut appeler “les affres” de l’écrivain, ce sont plus les corrections, ré-arrangements, relectures qui sont difficiles. Pour moi, quand c’est écrit “fin”, c’est fini, le reste m’ennuie.

F. : Tu as été chanteur ? musicien? Je te vois bien crooner … ou rocker, banane et cuir, santiags…

P. : Rien de tout cela, j’ai juste tenté d’apporter mon aide et quelques conseils à de petits groupes et travaillé, déjà avec Matteo, sur des projets musicaux. Je ne suis ni musicien ni technicien, dilettante tout au plus.

F. : Est-ce que tu as des projets pour le futur du site ?

P. : Rien de vraiment concret, il faudra bien évoluer un jour mais je ne pense pas qu’il faille tout révolutionner. L’interface est entrée dans les moeurs et fonctionne bien, elle semble plaire aux visiteurs, il ne faut pas perdre cette image. Le changement viendra d’envies ou de projets, on verra lorsque ce sera nécessaire. Ce peut être demain ou dans un an, tout est possible dans la mesure de nos moyens.

F. : Tu fais ton Maître des Mystères !!!

P : Maître des Horloges, c’est déjà pris… Non, non, pas du tout, je ne sais pas, vraiment… Et toi, Dance, tu en as des projets ?

F. : Moi, à part devenir Maîtresse du monde, non, pas vraiment. Enfin, si, continuer à chroniquer des romans et écrire de petites choses, parfois avec toi, même !

P. : Belle ambition, Maîtresse du monde, il y a une file de deux kilomètres de long qui attend pour ce job ^^

F. : Mince, j’aurais dû m’en douter. Bon, ben alors juste chroniqueuse pour 404, tant pis. :-) C’est pas si mal !
Je voudrais que tu nous dises ce que tu trouves le plus difficile dans le fait d’écrire des articles. Et les belles rencontres que tu as faites grâce à eux.

P. : Le plus difficile pour moi, c’est la crainte de passer à côté d’un roman dans un article, de ne pas avoir compris quelque chose dans ce que voulait transmettre l’auteur. Je suis assez bordélique dans mes réflexions et je crains souvent d’oublier de parler de ci ou de ça alors que c’est capital. Et puis ce n’est jamais simple de gloser sur des livres bâtis sur du suspense sans trop en dire mais en donnant l’envie de les découvrir, un dosage délicat parfois.

F. : Tout l’art de l’effeuillage ;-)

P. : Côté “belles rencontres”, c’est surtout grâce à Des Polars et des Notes, je me souviens d’interviews passionnantes qui se sont poursuivies hors antenne avec Dominique Manotti, Olivier Norek, Pierre Pouchairet, Christine Adamo, Ingrid Astier, Michel Moatti et tant d’autres, il faudrait des pages et des pages pour les citer. J’ai pu dialoguer sur des sujets politiques brûlants, ma grande passion, avec Vincent Crouzet ou Romain Slocombe, ou parler d’écriture avec Ian Manook et Bernard Minier, que du bonheur !

F. : Wouaou, le name-dropping de malade. Sacré carnet d’adresse, Drucker et Pivot n’ont qu’à bien se tenir, Psycho-Pat est là !

P. : C’est vrai que si on m’avait dit il y a 4 ans que je discuterais un jour avec tous les talents que j’ai eu le plaisir d’interviewer, je n’y aurais pas vraiment cru

F. : Et avec les lecteurs de 404, tu discutes parfois ?

P. : Au détour d’un tweet, parfois, mais très rarement en fait.

F. : J’aimerais bien que nous parlions un peu des traducteurs-trices. Je suis admirative du travail de traduction, bien souvent, qui restitue l’atmosphère d’un roman, en donne le goût et en communique l’univers sensible et intellectuel. Un tour de force tout en délicatesse.

P. : Tout à fait d’accord avec toi, on n’en parle pas assez, c’est un scandale que les traducteurs/trices ne soient pas plus mis en avant. Je leur dois la découverte de la littérature américaine, sud-américaine, bref du monde entier qui me serait restée inaccessible sans eux. Je suis admiratif aussi devant leur travail d’adaptation : rendre la subtilité d’un texte, son humour, ses finesses dans un autre langue est une prouesse qui me fascine, ce sont des créateurs autant que des serviteurs du texte original.

F. : Tu sais, les personnes qui sont essentielles pour nous, en dehors des auteurs, bien sûr, ce sont les AP. Je les trouve formidables et très disponibles, vraiment à l’écoute...

P. : Ah oui, les attachées de presse sont souvent les premières interlocutrices, celles qui savent ce qui va attirer ton attention. Au fil du temps, elles devinent ce qui, dans les publications à venir, va te plaire ou t’intéresser. Elles sont un lien essentiel entre l’auteur et les médias. Un métier de l’ombre mais capital dans la diffusion de la culture. Sans oublier de nommer les éditeurs, ceux qui montent au charbon tous les matins pour défendre des textes ou une certaine idée de la littérature, avec peu de moyens, peu d’échos dans les grands médias mais qui continuent malgré tout

F. : La dernière, last but not least, tu réussis à tous les ranger, tes livres ? Comment tu fais ?

P : Malheureusement non, c’est impossible, je serais totalement envahi par les bouquins. J’en ai une belle collection mais impossible de tous les garder. La culture est avant tout, pour moi, un partage, et les volumes que je ne peux conserver, je les transmets au Secours Populaire qui en fait bénéficier ceux qui, hélas, n’ont pas les moyens financiers pour se procurer des livres. Ils vivent une seconde ou troisième vie, c’est très bien comme ça.

F. : J’arrête de t’embêter. Tu as des articles à écrire et plein de livres en retard. Ouste ! Au boulot !


Pas d'anniv' sans musique !

Vu que c'est le nôtre, nous vous proposons chacun un titre. 

- Modern Day Babylon - Unknown Guest, choisi par Matteo, un retour aux sources du webzine

- Ella Fitzgerald - Every Time We Say Goodbye pour Dance Flore, The First Lady of Song pour The First Lady of  Literary Reviews.

- Igorrr - Tout Petit Moineau, décision unilatérale de Psycho-Pat et pis c'est tout !


illustration : Matteo