Chronique Livre :
Ceux qui tombent de Michael Connelly, le retour de Harry Bosch
Publié par Psycho-Pat le 09/05/2014
Photo : Los Angeles
Après le retour de Harry Hole dans Police, voici celui de l'autre Harry, Bosch celui-ci, avec le dernier opus du grand Michael Connelly, manque plus qu'un come back de John Rebus pour que ce printemps soit parfait, mais là, je n'y crois pas trop.
Toujours aussi rigoureux, toujours guidé par son fameux code « tout le monde compte ou personne », Bosch, dont c'est tout de même la dix-huitième aventure, va retrouver un vieil ennemi, s'en faire de nouveaux et continuer de parcourir Woodrow Wilson Drive, Mulholland Drive ou Laurel Canyon pour traquer le mal et régler ses comptes avec la justice des hommes qui n'a pas su prendre en compte le meurtre de sa mère il y a bien longtemps maintenant mais il est des cicatrices qui ne se referment jamais totalement ...
Le pitch
Toujours affecté au Bureau des Affaires non Résolue et venant d'obtenir un sursis de trente neuf mois avant sa mise à la retraite, Harry Bosch et son collègue, l'inspecteur David Chu, hérite d'une affaire vieille de vingt ans, une adolescente retrouvée violée et étranglée.
Du nouveau est apparu avec une correspondance ADN sur le corps de la jeune fille mais le suspect ainsi désigné n'avait que huit ans à cette époque et il est fort peu probable qu'il y soit pour quoi que ce soit. Erreur de labo, de collègues, transfert, tout est possible ...
Il va devoir suivre en parallèle une autre affaire bien embarrassante : Georges Irving, le fils de son vieil ennemi qu'il a bien aidé à se faire virer du LAPD, Irvin Irving, est retrouvé mort au bas d'un hôtel de luxe, le Château Marmont. Irving, aujourd'hui conseiller municipal mais toujours aussi remonté contre l'institution policière et plongé dans les magouilles financières, insiste pour que Harry soit responsable de l'enquête.
Entre manipulations, trahisons, jeu de dupes, mensonges, il va falloir jouer serré et avoir l’œil, sans oublier l'adolescente massacrée et le bien étrange suspect, même son fameux code d'honneur va en prendre un coup...
L'avis de Quatre Sans Quatre
Bonne nouvelle, Connelly retrouve ici les accents du très grand « Dernier Coyote » qui est un des meilleurs crus des aventures de Harry Bosch. Un Harry vieillissant mais au regard toujours aussi acéré, papa poule inquiet pour sa fille, hésitant à faire l'enquête de trop, humain mais toujours aussi déterminé et têtu même s'il se laisse (un peu) amadouer l'âge aidant. L'ensemble des ingrédients d'un très bon Connelly sont présents, pas vraiment original mais ce n'est pas forcément ce que l'on attend de ces grands classiques. Ce qu'il nous faut, c'est la suite, le prochain épisode, et là, c'est parfait. Il y a la petite évocation des fameux tunnels vietnamiens de sa jeunesse, de ses anciens coéquipiers, et toujours la cuisine un peu louche de la direction du LAPD où son amie Kiz Rider participe à la tambouille avec le chef de la police désormais, les journalistes irresponsables et manipulables, une histoire d'amour naissante, hésitante, effrayante pour ce grand solitaire et, surtout, la très belle écriture de Michael Connelly qui sait comme personne créer une atmosphère, nous faire partager Los Angeles, ciseler des dialogues et parler de l'intime avec pudeur et justesse. Indispensable pour les fans et vraiment à découvrir pour ceux qui ne sont pas encore entrés dans l'univers glauque, les crimes sordides, les lieux où évolue Harry Bosch.
Notice bio
Michael Connelly est né en 1956 à Philadelphie. Ancien chroniqueur judiciaire, il est l'un des plus grands auteurs de polars américains.
Il mène plusieurs cycles en même temps qui se croisent au gré de son inspiration, Harry Bosch (inspecteur du LAPD), Mickey Haller (avocat, demi-frère de Harry). Le cycle Harry Bosch commence avec Les égouts de Los Angeles (1993 - à lire absolument), celui plus procédural de Mickey Heller avec La défense Lincoln en 2006, adapté au cinéma sous le même nom.
Il apparaît dans son propre personnage dans la série Castle où il joue un joueur de poker avec Dennis Lehane et James Patterson.
La musique du livre
Du jazz comme toujours avec Connelly, il aime les clubs, le be-bop et les bons musiciens. Rien de tel pour accompagner sa lecture des dossiers ou sa réflexion.
On commence avec Franck Morgan, il n'y a, dit il, « rien de mieux pour modeler l'ambiance », ensuite Art Pepper dont il a passé le virus à sa fille et Chet Baker dans un Night Bird approprié à l'oiseau des nuits de Los Angeles qu'est Harry Bosch.
Ceux qui tombent – Michael Connelly – Calmann-Lévy – 389 p. mai 2014
Traduit de l'anglais par Robert Pépin