Quatre Sans Quatre

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Chronique Livre :
Iode par Juan Hernandez Luna

Chronique Livre : Iode par Juan Hernandez Luna sur Quatre Sans Quatre

Photo : Mexico (Wikipédia)

« Je suis quelque chose qui existe, pense mais ne peut pas sentir. Et je ne peux rien faire pour remettre ce morceau en place. » Horacio


Le pitch

Horacio est un jeune homme étrange, les gens lui jettent des pierres et évitent de croiser son chemin. Il ne sait pas s'il est adulte ou encore enfant et vit avec sa mère dans une petite maison où il a sa chambre, un sanctuaire où nul ne peut pénétrer. Il aime la musique classique, les coquillages, les dessins animés de La Panthère rose et traîner dans les rues à noter les horaires de bus et manger des cochonneries laissées près des poubelles.

Sa mère est une synthèse de la fantasmagorie masculine vis à vis des femmes, elle est à la fois, putain, sorcière et sainte. Elle gagne, semble t'il à Horacio, beaucoup d'argent à extirper les maux de ceux qui viennent la consulter. Une situation de guérisseuse conquise de haute lutte après quelques miracles dont celui d'avoir fait mourir le père présumé d'Horacio de gangrène. Elle collectionne accessoirement les amants.

Iode suit Horacio dans son voyage intérieur, ses délires, ses crimes, le récit se perd avec lui dans le temps et l'espace, les sentiments et les pulsions...


L'avis de Quatre Sans Quatre

Un livre fort, beau et suave comme un parfum mortel. Les odeurs sont formidablement mêlées au récit, elles imprègnent l'histoire, laissent des traces partout. Luna divague avec son héros sans jamais en faire trop ni trop peu, le lecteur est dans la tête de Horacio du début à la fin, suit son parcours quelles que soient les embûches et déambule avec lui de ses émerveillements d'enfants aux recoins les plus abominables de son être.

La relation à la mère est particulièrement sordide, impensable. Elle prend toute sa dimension grâce à la langue poétique et drue de l'auteur qui ne recule devant aucune image pour renforcer son scénario et ne nous épargne rien de l’innommable, de l'incompréhensible insensibilité de cet homme/enfant, sans limite, sans trace d'une quelconque civilisation, étonnamment instruit des arcanes de la musique et de l'histoire autant qu'ignorant des relations sociales

Un psychopathe, c'est certain. Délirant de surcroît, se nourrissant d'immondices comme s'il était là pour absorber les ordures de la planète et en recracher le venin. Iode est un roman noir difficile, il joue avec nos frontières, avec nos interdits comme la poésie joue avec nos sens. Horacio n'est pas le mal incarné, il est au-delà de cette dualité, les personnages qui gravitent autour, par contre, même s'ils n'égalent pas sa sauvagerie ne sont pas plus rassurants.

Un récit court mais prenant, un petit bijou où l'on ne sait plus trop qui sont les méchants et, surtout, s'il y a des gentils quelque part...


Notice Bio

Juan Hernandez Luna est né en 1962 à Mexico. Il a reçu le Prix Dashiell Hammet en 1997 et 2007. Auteur de plusieurs romans, de nouvelles, d'essais historiques et de poésie, il est devenu un écrivain de référence de la littérature sud-américaine.


La musique du livre

Horacio est féru de musique classique, c'est un fin connaisseur, un expert même, il est incollable sur ce sujet. Il parle avec ferveur des Planètes de Gustav Holst, particulièrement Jupiter, de la Water Music de Haendel composée pour Georges 1er, roi d'Angleterre et il évoque savamment les Carmina Burana de Carl Orff.

Iode – Juan Hernandez Luna – L'atinoir – 127 p. janvier 2009
Traduit du mexicain par Jacques Aubergy

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