Chronique Livre : Je suis Pilgrim de Terry Hayes, un thriller d'exception

Roman à très large spectre : que vous soyez amateur d'aventures, de thriller, de polar, d'espionnage, de suspense vous trouverez dans Je suis Pilgrim de quoi satisfaire vos envies.

Habitués des scénarios hollywoodiens, Terry Hayes, pour son premier ouvrage, peint ici une large fresque sur les luttes secrètes de notre époque, entre mafias, crimes crapuleux, lutte antiterroriste, islam radical.

Un quasi tour du monde des guerres secrètes, des saloperies discrètes commises par tous les bords, sans pour autant en oublier l'humain et la richesse des personnages. C'est du lourd et il faut savoir prendre le temps d'entrer dans l'univers du Pilgrim.

Le pitch

De nos jours, Peter Campbell, homme aux innombrables identités, jeune retraité d'une des unités d'élite du renseignement américains a écrit un livre qui relate les meilleures techniques d'investigation de la planète sous le pseudonyme de Jude Garrett, il s'apprête à changer totalement de vie mais va bien sûr devoir reprendre du service.

Une jeune femme est découverte assassinée dans des circonstances particulièrement atroces dans un hôtel proche de Ground Zero et Ben Bradley, héros modeste du 11 septembre, est chargé de cette enquête où la meurtrière semble s'être inspirée du bouquin de Jude Garrett. En Syrie, un haut responsable de la sécurité est torturé et tué devant son labo ultra secret et, en Turquie, un jeune homme milliardaire meurt dans ce qui ressemble bien à un accident post beuverie et défonce.

Pendant ce temps, le Sarrasin, islamiste anonyme et solitaire, prépare sa vengeance contre la famille royale d'Arabie Saoudite et son allié les États-Unis. Tous ces éléments qui semblent faire partie d'un inventaire à la Prévert, vont se rapprocher au fil des 650 pages de cette histoire en un ensemble cohérent et terrifiant, les pièces vont peu à peu s'imbriquer...

L'avis de Quatre Sans Quatre

Ce livre est exceptionnel de bout en bout. Il n'y a aucun temps mort, pas un chapitre pour souffler, pas de moment pour la description et d'autres pour l'action, elles sont indissociablement mêlées et aussi bien traitées l'une que l'autre.

Terry Hayes évitant l'écueil du manichéisme, tisse un univers humain bien qu'extraordinaire, ce n'est pas James Bond, il n'y a pas de super héros, juste des professionnels dans chaque camp et la victoire comme la défaite ne se joue que sur l'infime détail, sur le faux-pas. Le terroriste n'est pas ce qu'il est par hasard ou par nature, le long chemin qui le mène au djihad est relaté, expliqué, de même qui conduit chacun des protagonistes à être ce qu'il est.

Les grands tournants du siècle derniers, la Shoah, la fuite des nazis vers l'Amérique du Sud, l'invasion de l'Afghanistan par les soviétique, le 11 septembre, sont tous présents et servent de base à ce fantastique récit d'une superbe qualité littéraire et remarquablement traduit.

C'est un des meilleurs thrillers que j'ai lus, épique, haletant, cruel, tendre, un suspense insoutenable, à la seconde près, toujours au bord de la rupture et tellement difficile à quitter, cette saga ferait une magnifique série télé, bien trop riche pour un film, il y a de quoi tourner quelques heures complètement addictives !

Vous ne regarderez plus les infos de la même façon après Je Suis Pilgrim.

Notice Bio

Terry Hayes est né en 1951 en Angleterre puis s'est exilé en Australie. Un temps journaliste, il est devenu scénariste, domaine pour lequel il a été récompensé par de nombreux prix.

On lui doit entre autres les scénarios de Mad Max II, From Hell, Vertical Limit ou Calme Blanc. Je suis Pilgrim est son premier roman.

La musique du livre

Eleanor Rigby pour commencer, c'est le surnom que donne le Pilgrim à la tueuse de l'hôtel parce qu'elle lui évoque cette chanson.

Un petit tour de manège russe avec Nirvana, puis, un petit coup de blues du Mississippi et de Muddy Waters, Pilgrim en est fan. Et, pour terminer, un air de Kaval et de çigirtma, deux types de flûtes jouées en Turquie qui ont une grande importance dans l'intrigue.

A noter que le çigirtma est sculpté dans l'os de l'aile d'un aigle, tendez l'oreille si vous voulez aider le Pilgrim, la différence entre ces deux instruments est capitale ;-)