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N'éteins pas la lumière, un thriller éblouissant de Bernard Minier

N'éteins pas la lumière, un thriller éblouissant de Bernard Minier sur Quatre Sans Quatre

Coïncidence, à peine notre chronique parue dans DTC sur Glacé que Bernard Minier publiait son troisième opus des enquête de Martin Servaz sous le titre de N'éteins pas la lumière.

Un pavé sérieux de plus de 600 pages, un peu à part des deux précédents volumes bien qu'il en constitue la suite, Servaz est en arrêt maladie et c'est en tant que simple citoyen qu'il va devoir entrer dans l'intrigue sans le secours de son équipe et les moyens de la police.

Il doit également partager la vedette avec Christine Steinmeyer, une animatrice radio locale de Toulouse qui sera au cœur du bouquin et du suspense.


Le pitch

Christine Steinmeyer, animatrice sur Radio 5, une station locale importante en Midi-Pyrénées, découvre dans sa boite aux lettres une missive anonyme qui ne lui est pas destiné et qui ressemble fort au dernier message d'une personne désespérée sur le point de se suicider.

C'est le réveillon de Noël et elle va devoir se démener pour essayer de trouver le ou la destinataire entre les agapes et les appartements vides de leurs occupants. Parallèlement, Servaz, en post-cure dans un établissement de soins de la police nationale reçoit une très énigmatique clé électronique de chambre d'hôtel.

Apparemment l'expéditeur souhaite qu'il sorte de sa réserve malgré sa dépression et s'attaque à une enquête dont il ignore tout. Comment et quand ces deux personnages vont ils se retrouver ? Dans quel terrible imbroglio sont ils embarqués ?


L'avis de Quatre Sans Quatre

Minier fait encore très très fort avec N'éteins pas la lumière! Parti sur un peu sur le même thème que Juste une ombre de Karine Giébel (Fleuve Noir), il tisse une toile infernale qui piège lecteurs et héros. L'intrigue est haletante, les fausses pistes travaillées avec un soin diabolique, il nous faut sans cesse renoncer à l'évidence et même se méfier des solutions les plus tordues que nous pouvons imaginer.

Rien n'est livré sur un plateau et les chapitres, courts et découpés tel un livret d'opéra, s’enchaînent à un rythme de plus en plus rapide jusqu'à l'acte final qui réserve encore une ultime surprise après le dénouement.

Ce bouquin est addictif, il faut avancer, connaître le prochain piège, la chausse-trappe suivante. Le sujet principal est la manipulation et l'auteur nous manipule fort bien pour notre plus grand plaisir du début à la fin.

Comment influencer quelqu'un jusqu'à l'obliger à en finir, à lui couper toute lumière ? Comment investir totalement l'esprit de l'autre et le guider malgré lui ?

Bernard Minier met en place un complot terriblement ingénieux, effrayant et efficace pour répondre à ces questions, l'empathie naturelle faisant le reste, on ne peut que ressentir profondément l'horrible situation dans laquelle il plonge ses personnages. Personne n'est ce qu'il prétend être, il y a toujours une porte derrière la porte qui mène à une autre barrière dans ce livre.

L'avantage est de terminer ce thriller plus cultivé qu'en le commençant, on y apprend une foule d'éléments sur le monde de l'opéra et de l'aérospatial. C'est documenté et intelligemment intégré au récit sans en altérer le tempo, vous saurez tout sur l'Aria da capo, le vérisme et tutti quanti.

Un très bon moment de suspense intense qui débute à la première ligne pour s'achever au dernier mot, copieux mais il n'y a rien à jeter ! Ah, si ! La couverture est très moche mais bon, ce n'est qu'un mauvais moment à passer ;-)


Notice bio

Bernard Minier est né en 1960 à Béziers. Il travaille un temps dans l'administration des douanes tout en participant à plusieurs concours de nouvelles.

Glacé paraît en 2011 et rencontre un très grand succès couronné de nombreux prix littéraires dont le prix Polar du Festival de Cognac. Son deuxième roman, Le Cercle, est publié en 2012 et met de nouveau en scène Servaz et Ziegler dans une nouvelle intrigue tout aussi passionnante.

N'éteins pas la lumière est donc le dernier né des aventures du Commandant Servaz sans son équipe fétiche (ou très peu) pour cet opus.


La musique du livre

Comme dans chaque ouvrage de Bernard Minier, ce sujet est largement présent, immanquable même, puisque l'organisation du roman est bâti comme un livret d'opéra dont il reprend les grands moments en tête de chapitre.

La musique est essentielle à la compréhension de l'intrigue, c'est également un indice que l'auteur donne sur le dessein du criminel. Il n'y a pas que des références à l'opéra alors on va se faire un (tout) petit aperçu des titres évoqués.

L'univers de Minier est baigné de mélodies, arias et symphonies, ce n'est pas un plus, c'est l'essence même de sa littérature.

N'éteins pas la lumière – Bernard Minier – XO Éditions – 610 p. février 2014

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