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Olivier Norek, l'interview de l'auteur de CODE 93

Olivier Norek, l'interview de l'auteur de CODE 93 sur Quatre Sans Quatre

Olivier Norek est un homme occupé, très occupé même. Entre la promo de son premier polar, Code 93, dont j'ai dit tout le bien que j'en pensais dans la chronique qui lui a été dédiée, l'édition du deuxième tome des aventures du capitaine Coste pour l'automne et sa collaboration au scénario de la série de Canal + « Engrenages », il a tout de même pris, très gentiment, le temps de répondre aux questions de Quatre Sans Quatre.

Sa méthodologie, ses motivations, son travail ... Il aime Fred Vargas et, maintenant que je le sais, c'est vrai que je trouve quelques traits communs entre la lieutenant Johanna De Ritter, la nouvelle adjointe de Coste, et la lieutenant Retancourt, le rempart du commissaire Adamsberg dans les romans de cette auteure.

N'empêche, il fait souffler un vent rafraîchissant sur le polar français, sans en bousculer les codes, mais en y apportant une touche d'authenticité et une qualité littéraire certaine.

C'est réellement un plaisir de découvrir un auteur de polar qui ne nous assène pas des supers héros hors normes, trop sûrs d'eux pour que quiconque s'y reconnaissent et qui nous livre une histoire au suspense intense crédible.

Un héros qui doute, des personnages secondaires fouillés, un criminel qui n'est pas le mal incarné mais qui a une histoire cohérente, Code 93 a mis la barre haute! Olivier Norek met, mine de rien, le doigt où ça fait toujours un peu mal,sur les tripatouillages et magouilles autour des statistiques de la délinquance, témoin, ô combien versatile suivant l'utilisateur, du résultat des politiques publiques de sécurité.

Mais ce n'est qu'un roman, heureusement, rien de tel ne pourrait se passer dans la vraie vie de notre belle démocratie ... De quoi aiguiser l'appétit en attendant TERRITOIRES, les prochaines aventures de Coste à paraître en octobre chez Michel Lafon.


Vous avez démarré votre carrière d'auteur par un concours mais on ne se présente pas à un concours d'écriture par hasard. L'écriture est un art qui vous tenaillait depuis longtemps ? Pensez vous que, si vous n'aviez pas été flic, vous auriez écrit tout de même?

Justement, pas mal de choses ont tourné autour du hasard. Par hasard je tombe sur un concours de nouvelles et par hasard, l'organisatrice de ce concours est aussi une chercheurs de talents. Le reste, c'est beaucoup de boulot pour passer d'une nouvelle à un roman et ma situation de flic m'a offert une source quasiment inépuisable d'histoires. Pas toutes heureuses, c'est certain... mais j'essaie de trouver l'humain en chaque situation.


Comment travaillez vous pendant la rédaction ? Vous êtes organisé et suivez un plan précis où tout est prévu ou découvrez vous les événements en cours d'écriture?

Je suis assez méthodique. D'abord je planche sur l'intrigue. Ce n'est pas le plus important dans mes livres, mais c'est une base qui se doit d'être solide. Ceci fait, je fais un déroulé, chapitre après chapitre, manière de ne jamais me perdre dans mes propres histoires. Ensuite j'écris une mini nouvelle sur chacun des personnages afin de les connaître mieux, de savoir comment ils vont réagir et leur manière de parler. Arrivent la page blanche, les cafés, les clopes, et du boulot et encore du boulot.


J'ai retrouvé des similitudes avec des collègues du capitaine Coste qui me sont chers : John Rebus et Harry Bosch. Le refus du renoncement, la lutte contre la hiérarchie et le côté un peu solitaire de Coste même s'il travaille en équipe. Rankin et Connolly font parties de vos influences ? Y a t'il d'autres auteurs qui vous ont inspiré?

Je ne lis que très peu de romans policiers. Excepté Vargas, que je suis depuis le début. J'y préfère Sallinger, John Irving, Ken Follett ou Dantec. Ce que j'aime par dessus tout ce sont les histoires humaines. Une histoire qui ne tourne qu'autour de l'intrigue ma fatigue rapidement. J'ai surtout besoin de personnages forts, plus que d'aventures rocambolesques.


Vous avez déclaré prendre pour base absolue la victime. A y regarder de près, votre tueur aussi apparaît comme une victime, c'est du moins ce que vous vous attachez à démontrer une bonne partie du livre. C'est ce moment de bascule entre la maltraitance subie et l'entrée dans le crime qui vous intéresse ? Le passage de victime à bourreau ?

Ce que je voulais par dessus tout, c'était éviter un assassin "gratuit". Je me suis d'abord attaché à faire comprendre aux lecteurs les raisons de sa chute, les pourquoi de sa destruction psychologique... ce qui va le pousser à cet acte incroyable, dernier tabou, celui d'enlever la vie. Beaucoup de bourreaux sont d'anciennes victimes, cela n'excuse rien, cela explique. J'ai eu besoin que le lecteur accompagne notre meurtrier, qu'une certaine empathie existe entre eux... jusqu'à se demander si l'on veut vraiment que nos flics l'arrêtent.


Il n'y a pas de références musicales dans Code 93 comme c'est souvent le cas désormais dans les polars et thriller. Quelle serait la musique du film idéale pour vous ? Vous écoutez plutôt quel style de musique?

Si. Il y en a une. Lors de l'avant dernier meurtre, notre assassin, après avoir perpétré son crime pousse la chaîne hifi de sa victime à fond et laisse un appartement ouvert, bruyant comme une boîte de nuit sur Voodoo People de Prodigy ! Un de mes groupes phares. Comme pour les livres, j'ai besoin que la musique soit un vecteur d'émotion. Pour exemple, je craque littéralement sur des titres comme "Dernière Danse" d'Indila ou sur l'album de Lorde. Si Code 93 devait avoir une musique originale, elle oscillerait entre le jazz, le lounge et la trip hop envoûtante.


Vous avez intégré l'équipe de scénariste de la série Engrenages. C'est très différents comme travail un roman et un scénario? Vous avez la même liberté?

Rassurez-vous, je ne suis pas seul. Engrenages, c'est toute une équipe à l'écriture, des dizaines de scénaristes, des consultants pour chaque milieux : police, justice, avocats... c'est un travail très cadré qui me change effectivement de la liberté absolue que j'ai devant ma page blanche. Mais l'entente est bonne et les cerveaux bien irrigués, c'est un vrai plaisir !


Flic, écrivain, scénariste et des mecs qui viennent vous demander des interviews : il vous reste du temps pour dormir ? Vous n'allez pas devoir choisir à un moment entre votre métier et l'écriture?

Je suis déjà en disponibilité. C'est une sorte de parenthèse professionnelle. Je suis donc toujours lieutenant de Police, mais j'ai rendu ma carte et mon arme le temps d'écrire... je préfère ne pas penser au jour où je devrais faire un choix entre les romans et la police.


Entre nous, Victor Coste va t'il continuer ses enquêtes et devenir un personnage récurent ? Il y a un projet en cours?

Oui. Code 93 est en phase de scénarisation pour un éventuel passage à l'écran (petit ou grand). La suite de Code 93 sort aux Éditions Michel Lafon en octobre. Le titre : Territoires. Il me tarde de le partager avec les lecteurs. Sérieusement, j'en ai même marre d'attendre... je l'ai terminé en janvier!

Merci à Olivier Norek! Plus qu'à patienter donc, en attendant, puisque je l'ai raté en lisant le livre, pris par le suspense probablement (on se rattrape comme on peut ;-) un petit coup de Prodigy pour clore cette interview

Code 93 - Olivier Norek - Michel Lafon - 364 p. - avril 2013

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