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PEACE AND DEATH de Patrick Cargnelutti

Publié par Dance Flore le 17/10/2017
Psycho-Pat s'attaque aux vieilles dames !
Mais oui ! Allez, on s'en doutait tous un peu qu'il y avait de la graine d'écrivain en lui ! Eh bien voilà, maintenant on en est sûr, Psycho-Pat alias Patrick Cargnelutti a écrit un roman et pas un petit ! 342 pages très exactement !
C'est qu'il en avait des choses à dire, le bougre.
Colette, maintenant vieille, installée dans une maison de retraite plutôt chicos, qui flanche de la mémoire, et Céleste, la flique qui déteste louper son petit déjeuner et apprécie les Beaux-Arts vont s'affronter autour du meurtre d'une pensionnaire maquillé en accident.
Un jeu plutôt serré de poker menteur et une grande plongée dans le passé de Colette, un passé fort mystérieux et très très passionnant, surtout pour une femme qui, officiellement, n'existe pas.
Un shilom, une photo, un amour éternel et une jolie bague : le premier qui a compris ne dit rien aux autres...
Juste pour goûter
« - Salut Damien. Qu’est-ce qu’on a ?
Il fait bon dans ce sous-sol où elle a pénétré après avoir salué rapidement Charlotte, une bleue frigorifiée qui fait le pied de grue à l’entrée. Elle ouvre son blouson et sort les mains de ses poches. La blancheur des néons lui blesse les yeux après l’obscurité du dehors. Elle se promet de ne pas traîner. Ça va être vite réglé cette histoire. Un coup d’œil, le temps de taper son rapport et de classer l’affaire, elle sera peut-être sur ses dossiers urgents pour 14 heures.
- Bonjour lieutenant. Ben, on a ça ! lui répond le flic en pointant du doigt un corps blafard affalé en bas d’un méchant escalier de ciment.
Elle est passée sous le panonceau « Entrée du personnel », a enfilé un étroit couloir flanqué de portes étiquetées « Hommes » ou « Femmes » et est arrivée à cette sorte de petit sas où gît la femme décédée.
Éclairée par les lampes crues, la masse laiteuse de ses énormes cuisses dévoilées par la chemise de nuit à fleurs et une robe de chambre matelassée rose retroussées tranche avec la flaque brun rougeâtre qui s’étale sous son crâne. La mort, sans pitié, a poussé l’indécence jusqu’à mettre en avant le gros postérieur emballé d’une protection de la pauvre femme. Elle est presque obèse, ses pieds sont bleus, ses chevilles gonflées, ses jambes parsemées de varices violettes. Un Picasso de sa période la plus sombre au vu des quelques perspectives peu réalistes que prenaient les différentes articulations du cadavre, décide Céleste.
À l’autre extrémité du corps, en bas des marches, son visage tuméfié garde la trace de la frayeur éprouvée en chutant, la bouche ouverte en un rictus sur des dents rougies de sang. Le cou tordu permet au crâne de devenir parallèle aux épaules. Des montures de lunettes cassées, des éclats de verres brisés et un mouchoir jetable sont éparpillés sur le sol au revêtement antidérapant bleu.
Céleste ne touche pas le cadavre. Elle jette un œil vers le haut, constate quelques taches brunâtres sur deux marches et aperçoit une porte close. Verte. Elle se dit que toutes ces couleurs ne vont décidément pas ensemble et qu’il faut faire abstraction du moindre sens de l’esthétique pour ne pas s’enfuir en courant. Mis à part les trois couleurs nationales perçues sur la victime, évidemment, patriotisme oblige, sourit-elle.
- Qu’est-ce qu’elle fout là ? » (p. 27-28)
Mais oui, y a de la musique...
PEACE AND DEATH - Patrick Cargnelutti - éditions Jigal Polar - 344 p. septembre 2017
photo : Quatre Sans Quatre