Séries télé :
The Leftovers

Publié par Psycho-Pat le 09/08/2014
L'art d’accommoder les restes...(The Leftovers, Ceux qui restent...)
Quand HBO sort une nouvelle série, c'est toujours un événement. La chaîne américaine est tout de même à l'origine des plus grands classiques du genre : The Wire, les Sopranos, Six Feet Under, Treme ou, plus récemment, la génialissime True Detective pour ne citer que les principales.
The Leftovers a été confiée à Damon Lindelof, créateur de Lost, assisté de Tom Perrota, auteur du roman Les Disparus de Mapleton dont est tiré le scénario de cette histoire. Le rôle pricipal, celui du Shérif Kevin Garvey est tenu par le ténébreux Justin Theroux (Mulholland Drive), nous retrouvons également Annie Brenneman (Grey's Anatomy, Private Practice) dans celui de son épouse devenue membre de la secte GR.
La première saison, diffusée le 30 juin 2014 par un pilote de soixante douze minutes, est prévue en 10 épisodes d'une cinquantaine de minutes. Elle est présentée en France en VOST par OCS City depuis le 30 juin.
Le pitch
Deux pour cent de la population mondiale a disparu totalement de la surface de la terre trois ans auparavant, le 14 octobre. Tous les pays sont frappés, il n'y a rien qui puisse expliquer ce phénomène.
Aux États-Unis, la petite ville de Mapleton se prépare à commémorer ce troisième anniversaire en se réunissant pour un hommage à ses disparus. Tous les habitants ont été touchés, chacun a perdu un père, un enfant, une épouse, certains plus que d'autres, et aucune explication n'est venue apaiser un peu leur douleur.
Pour cet anniversaire, la ville est sous tension. Une sorte de secte s'est crée depuis ce funeste jour d'octobre et ses membres, les Guilty Remnant, ne parlent plus du tout, sont vêtus exclusivement de blanc, fument comme des cheminées d'usine et génèrent, par leur seule présence et les messages de désespoir de leurs pancartes, la colère des habitants. Le risque d'émeute est grand et le chef de la police tente de dissuader la maire d'organiser ce rassemblement.
Comme devant tout phénomène inexpliqué, les tentations de mysticisme de bazar et les charlatans de tous ordres fleurissent...
L'avis de Quatre Sans Quatre
Le pilote met l'eau à la bouche, bon rythme, belles images. L'univers de la petite ville est bien décrit et les personnages prennent lentement corps avec leurs contradictions, leurs secrets, l'ambiance très particulière des survivants à cette exceptionnelle catastrophe. L'idée est là et est prometteuse.
Il devient vite évident que ce sont les survivants qui vont être le centre d'intérêt de ce récit. Comment ils absorbent cette perte ou renoncent à vivre, comment ils essaient d'en profiter, comment ils s'organisent, la résilience, la vie qui reprend. La disparition est un point de départ, mais pas le centre du scénario, pour extraordinaire qu'elle soit, elle n'en est que le début et le prétexte.
Par contre, au fil des épisodes, l'histoire peine à tenir ses promesses. Leur qualité scénaristique est loin d'être égale, certains forcent l'enthousiasme, d'autres le douchent légèrement. Des cliffhangers à la pelle mais leurs résolutions peinent à arriver. L'histoire avance lentement, trop lentement, cela devient crispant et lasse les plus belles patiences. Un peu le même défaut que dans Lost d'ailleurs, ce n'est peut-être pas un hasard.
De beaux morceaux d'anthologie pourtant, la description des divers charlatans, les difficiles cas de consciences des survivants, les arnaqueurs en tous genres. The Leftovers est une bonne série, agréable à regarder, une histoire originale et une belle galerie de portraits, il y a juste ce sentiment assez pénible , après certains épisodes, de ne pas avoir avancé d'un pouce. C'est là toute la différence entre une grande série culte et un honnête programme télévisé. Le mystère, c'est bien, indispensable même pour susciter l'intérêt mais il faut se garder de la faire trop traîner en longueur ; de crainte que cet intérêt ne s'émousse et ne se transforme en franche impatience...démobilisatrice.
Il reste quatre épisodes pour cette première saison, j'espère qu'ils me feront regretter cette chronique écrite peut-être trop tôt ;-)